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Sophie Engster

Chamberlan

« C’est une espèce d’énergie du désespoir que t’as dans ces cas-là. Si tu ne sors pas tes tripes, si tu ne sors pas tout, on ne va pas y arriver !»

Thomas Brosset, journaliste et photographe des oiseaux est sur le Pompon !

Le Pompon – Épisode 111

Est-ce qu’on peut réindustrialiser la France ? Comment on créé une marque de chaussures from scratch (sans mauvais jeu de mots…) ? Pourquoi s’engager toujours plus ?

Quand Sophie me partage son parcours, j’écoute avec une attention toute particulière. Elle qui a travaillé 10 ans chez LVMH est aujourd’hui la co-fondatrice de la marque de chaussures sur mesure : Chamberlan. Installés en Dordogne avec Franck son associé, c’est un véritable parcours du combattant qu’ils ont menés pour que Chamberlan soit toujours debout aujourd’hui.

Une fois que ça roule, ça devient moins intéressant pour moi.

Après des études dans une école de commerce, Sophie s’intéresse de près à l’univers du luxe et se dirige vers les parfums. C’est dans ce mélange d’art, de beau et de recherche d’un produit de qualité qu’elle passera 10 ans à travailler pour Givenchy puis les parfums Christian Dior. 

Ses débuts sont passionnants avec le lancement du site e-commerce chez Givenchy, les tests de publicité qu’elle ajuste seule quotidiennement sur Facebook (Facebook en est aux tout débuts) pour la marque et la mise en place de réels processus pour gérer cette partie e-commerce. Elle se retrouve à 23 ans à lancer le site, se forme seule et ose aller à l’encontre de certains cadres pour suivre la ligne directive. 

Franck me dit : ok personne ne veut le faire, on crée nous même l’atelier !

Puis vient l’histoire de Chamberlan, née d’une rencontre à la sortie de la crèche. Elle rencontre Franck Le Franc, un papa qui ne comprend pas comment les femmes ont encore mal aux pieds aujourd’hui à cause des chaussures à talons, qu’on ne puisse pas les faire sur mesure alors qu’on peut faire des rétroviseurs sur mesure !

C’est le début de l’histoire ! 

Sophie et Franck vont, après avoir appelé tous les ateliers français et essuyé des refus, ouvrir leur propre atelier en Dordogne dans une zone industrielle qui changera de nom dès l’arrivée de Sophie (histoire très drôle à écouter !). Elle me raconte toutes les péripéties liées à ce lancement, et ô combien il y en a eu ! 

T’as la chance de ta vie qui est en train de passer, au moment où tu veux tout arrêter !

Relancer l’industrie de la chaussure en France : le pari de départ est fou. Cela est encore complètement fou. Mais un peu de folie fait du bien right ? 

Dans les bas de l’entreprise, à un moment où Sophie et Franck voulaient tout arrêter parce que c’est souvent dur, une rencontre va les relancer. Celle d’un bottier, le bottier le plus connu de France qui a travaillé pendant 10 ans pour la fameuse marque avec la semelle rouge. Rencontré un soir dans la rue, avec beaucoup de culot (après lui avoir couru après dans la rue à 22h30 !), Fred est séduit par l’aventure, et rejoint l’équipe pendant 3 ans, à raison de 2 jours toutes les deux semaines pour “sauver l’atelier”. 

C’est un vrai chemin parsemé de rencontres qu’à vécu Sophie. Celle de Franck, celle du maire de la ville où ils s’installeront, celle de Fred. 

C’est une espèce d’énergie du désespoir que t’as dans ces cas-là. Si tu ne sors pas tes tripes, si tu ne sors pas tout, on ne va pas y arriver !

Car l’énergie du désespoir, Sophie l’a puisé à plusieurs reprises. Chamberlan a failli fermer à cause du covid : une grosse commande chinoise annulée, la boutique ouverte 3 mois plus tôt à côté de la Place Vendôme à Paris qui ferme, tous les mariages reportés. Toutes les commandes sont annulées. De quoi mettre la clé sous la porte et rentrer pied nu (…). 

Et cette énergie, ils l’ont mise dans la confection de masques durant la période Covid. En quelques jours ils se mettent en état de marche : ils rachètent 10 machines à course en liquidation judiciaire, Sophie appelle Pôle Emploi pour dire qu’ils recrutent “tous les gens qui veulent bosser !”. 

Le mardi ils sont 4, le jeudi 8, le lundi suivant 16 et une semaine plus tard, 40 personnes fabriquent des masques dans l’usine ! Ils ont donné du travail à des gens qui en avaient besoin, des entreprises en Dordogne ont pu rouvrir grâce à eux : et surtout, ça a sauvé Chamberlan. 

Il y avait en France 80 000 artisans dans la chaussure dans les années 70, on est 3500 aujourd’hui. 

Puis les masques ont été commandés en Asie. A 10cts près, l’Etat a préféré les commander à l’étranger. 10cts d’euros de différence, sans prendre aucunement en compte les emplois créés ici, l’impact environnemental et social. 

C’est l’un des combats de Sophie : protéger l’industrie française, et la faire revenir ! 

Un t-shirt à 2€, une paire de chaussure à 20€, c’est pas une bonne affaire ! T’achètes la misère du monde.

Choquée, révoltée puis engagée. Sophie s’engage pour faire. A son niveau avec Chamberlan, et plus largement en s’engageant auprès du Comex 40 du MEDEF, un groupe d’entreprises de moins de 40 ans présidé par Paolo Fabiani pour venir challenger Geoffrey Roux de Bezieux, le président du MEDEF

Elle s’investit également au MEDEF Périgord puis auprès du club des apprentis, avec cette envie de transmettre. Un moyen pour elle de développer son réseau de chef d’entreprise et avancer à plusieurs sur ces sujets de réindustrialisation du pays. 

On n’accorde pas la place qu’il faut à ce qui devrait tous nous préoccuper aujourd’hui : la planète ! 

Avec Franck, ils ont fait partie de la Convention des Entreprises pour le Climat : une communauté de dirigeants engagés pour tendre vers l’économie régénératrice. La CEC incite les entreprises à prendre un tournant, à croitre différemment. 

Sophie s’engage aujourd’hui pour développer la CEC en Nouvelle-Aquitaine et embarquer d’autres dirigeant.e.s d’entreprises vers le changement. 

Cet engagement, elle le partage évidemment avec d’autres, comme Gilles Attaf qui porte l’étendard du label Origine France Garantie. Car nombreux sont les labels et les entreprises qui se disent green en posant sur un t-shirt un drapeau bleu-blanc-rouge, à jongler avec l’obsolescence programmée, à faire croire qu’ils font les choses proprement. C’est en partie son combat : faire les choses proprement, embarquer les choses pour que le monde de demain soit meilleur. 

Quand t’as envie d’entreprendre et que t’as un projet, t’as 1000 personnes qui vont te dire que c’est pas une bonne idée ! Mais au pire, il se passe quoi ?

C’est beau dans cet épisode de découvrir ses engagements et la passion avec laquelle Sophie continue de travailler dur (en gagnant moins qu’avant) pour participer à l’effort collectif, à faire sa part du colibri. 

Un nouvel épisode qui fait -encore- du bien sur une femme engagée et avec qui nous avons bien ri !

Alors je te souhaite une très belle écoute pour ce nouvel épisode du Pompon 😉

À écouter sur

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