Gilles Boeuf
Biologiste
« La meilleure carte de vote c’est la carte de crédit. »
Le Pompon – Épisode 64
Pour ce nouvel épisode j’ai le plaisir de recevoir Gilles Boeuf, biologiste français, entomologiste, spécialiste de physiologie environnementale et de biodiversité !
À l’âge de 8 ans, Gilles Boeuf savait déjà ce qu’il voulait faire plus tard : chercheur en biologie. Il commence ses études en médecine puis rentre par la suite à l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) où il passe 20 ans (dont 4 années au Chili) à travailler sur les migrations des saumons à Brest. Il est ensuite recruté par la Sorbonne comme professeur à l’Université Pierre-et-Marie-Curie. Au cours de sa vie (bien remplie !), il a eu l’occasion d’être reçu avec Jean-Pierre Changeux au Collège de France pour parler de biodiversité, d’être membre de nombreux conseils scientifiques, mais aussi président du Muséum national d’histoire naturelle de Paris. Avant de revenir dans le civil, Gilles Boeuf a également accompagné Nicolas Hulot quelque temps comme conseiller scientifique au ministère de l’environnement. Il redevient alors professeur des universités où il prend la présidence du Centre d’études et d’expertises en biomimétisme (CEEBIOS) et de 2 associations : ”la réserve naturelle de la forêt de la Massane” (UNESCO) et “Éthique Océan”.
Rien que ça.
” Il n’est jamais trop tard pour bien faire “
C’est un réel optimiste qui ne veut pas tomber dans la collapsologie. Il souhaite trouver le juste milieu entre une intranquillité raisonnée et une pollution et surexploitation des ressources qui a un rôle sur le changement climatique. Avoir une culture de l’impact est également indispensable. Selon lui, il faut tuer les trois grands défauts de l’humanité : l’imprévoyance, l’arrogance (surtout masculine), et la cupidité.
” On ne peut pas continuer comme avant “
Pour lui, donner de l’espoir est très important, mais il faut également expliquer qu’il est plus que temps de réagir et qu’on ne peut plus faire comme avant. Très proche du sociologue Edgar Morin avec qui il a fait une série de conférences et réunions, il prépare avec lui un événement à la Maison de l’Amérique Latine à Paris.
Son rôle de professeur des universités est aussi de dire des choses justes en tuant toutes les fakes news auprès de ses étudiants. Il veut développer les connaissances des enfants et un esprit critique sur ces fakes news: c’est fondamental. Comme avec le Coronavirus, sa provenance, le confinement… (il a d’ailleurs tenu une conférence sur le sujet : ” Covid 19 et environnement : un électrochoc salutaire ? “)
” Moi je suis quelqu’un qui n’a pas encore dit : on est en crise d’extinction. “
Vis-à-vis de la biodiversité, Gilles Boeuf nous explique que tout est lié, comme avec l’organisation « One Health, une seule santé » qui montre que la santé des écosystèmes (arbres, plantes, animaux et humains) est complètement liée. Si on ne respecte pas ce système nous en payons les conséquences car nous sommes aussi vivants… on contamine, on pollue en très grand quantité, partout avec des produits pesticides, insecticides, herbicides, mais aussi avec le sulfate de cuivre qui est un problème dans la région.
” Pour moi un des plus gros projets de recherche qu’on devrait avoir en France et ailleurs, c’est quelle alternative aux pesticides? c’est la vraie question qu’on a pas vraiment résolu. “
Gilles Boeuf se considère comme un défenseur du monde agricole, (dans le sens noble du mot paysan) qui aime ses animaux, sa terre et qui n’est pas fait pour polluer, détruire et exploiter (pêcheries, déforestation, destruction, contamination, construction, dissémination de tout partout…). Bruno David, son successeur a écrit un livre à ce sujet : “A l’aube de la 6e extinction.”
” Il y a eu des humains sans agriculture, il n’y a pas d’humanité sans agriculture “
Mais alors comment faire pour vivre dans le monde actuel ? Acheter, consommer et tout simplement vivre différemment ! C’est son conseil.
Changer notre vie de tous les jours en consommant avec plus de sobriété, revoir notre éducation mais aussi développer notre esprit critique : manger moins de protéines animales, échanger, se regrouper au niveau associatif, ne pas acheter tout et n’importe quoi, payer correctement son alimentation mais aussi faire pression sur le monde politique. En gros : vivre sans abîmer !
” Car au nom du libéralisme on fait des choses monstrueuses…“
Il prend l’exemple d’un yaourt qui fait le tour d’Europe avant d’être consommé chez nous. Cherchez l’erreur…
Pour terminer cet épisode, Gilles nous donne les conseils suivant pour se documenter : Regarder Arte, écouter la BBC, la radio (des chaînes comme : La méthode scientifique, La terre au carré), lire des livres comme : “Jamais seul” de Marc André Selosse, “Tous entrelacés” d’Eric Bapteste. Mais également s’ouvrir au monde extérieur, travailler au niveau associatif, aller écouter des conférences, prendre confiance en soi et être tolérant, vivre nos envies et les partager mais aussi toujours voir comment on peut aider !
Un épisode passionnant, truffé d’histoires, avec notamment celle d’un poulpe très malin…
Je vous laisse découvrir tout cela sur votre plateforme d’écoute préférée !
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