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Aurélie Piet

Économiste

« La réponse est évidente : il faut qu’on revienne à un modèle plus sobre »

Nelly Pelissier-Hermitte

Le Pompon – Épisode 100

Pour ce 100ème épisode j’ai le plaisir de recevoir Aurélie Piet, économiste, enseignante, auteure et conférencière.

Aurélie est avant tout économiste et c’est dès le lycée qu’elle a voulu comprendre le monde qui l’entourait et s’intéresse donc à l’économie. L’économie qu’elle découvre est celle de la croissance, celle où chaque année il faut produire un peu plus pour répondre à des besoins illimités. C’est à ce moment-là que sa quête de sens commence. 

J’ai toujours eu cette quête de comprendre le monde dans lequel je vivais !

Après le lycée, Aurélie intègre l’Université de Bordeaux et étudie l’économie. On lui présente alors un seul modèle, le modèle économique dominant et aucun modèle alternatif. Autant te dire qu’elle ne trouve pas de réponse à ses questions et à sa quête de sens ! 

Dans un premier temps elle va enseigner l’économie pour transmettre et, bien qu’elle se base sur les programmes qui prônent cet unique modèle, elle essaye d’infuser auprès de ses étudiants quelques éléments concernant les autres possibilités d’économie. 

Puis c’est sur le terrain qu’elle part pour passer de la théorie à la pratique ! Pendant 4 ans elle ira à la rencontre des différents acteurs économiques via un cluster, maintenant intégré à Digital Aquitaine. 

Il y a une communauté de gens qui aspire aux mêmes choses : changer de modèle avec des valeurs plus humaines, tournées vers le vivant, c’est même pas tourné vers le vivant, car nous sommes le vivant

Et ce sens cherché, elle le trouve à l’écoute de Marc Luyckx Ghisi, auteur, philosophe et docteur en théologie, qui aborde une approche globale, transversale, transdisciplinaire. Elle se retrouve enfin en l’écoutant ! On parle souvent de rencontre sur le Pompon, et celle-ci a été clé pour Aurélie dans son parcours. 

Marc a par la suite été son mentor et ami, et ils publient ensemble le deuxième livre d’Aurélie, début 2023 ! 

Le modèle économique dominant a atteint ses limites !

Alors je te parle de modèle dominant depuis le début, mais quésaco ? 

Le modèle dominant nous explique Aurélie, est ce modèle basé sur des valeurs matérialistes, sur la réussite associée aux objets, et à une réussite économique. Un modèle qui considère que nos besoins sont illimités, besoins satisfaits par la consommation donc il faut toujours produire plus pour y répondre. 

Ce modèle, créé à l’après-guerre avec ce besoin de relance économique, n’est, d’après Aurélie, plus cohérent avec le monde actuel et les enjeux auxquels nous faisons face aujourd’hui. 

Je me suis dis je vais arrêter de m’interroger à savoir si je suis légitime pour le faire, je le fais et on verra bien ce que ça va donner ! J’ai fait ce que je ressentais profondément sans savoir ce que ça allait donner.

Après sa rencontre avec Marc, ses apprentissages sur le terrain, Aurélie écrit. Elle écrit un livre sans savoir ce que cela va donner, sans savoir si celui-ci allait être publié : elle écrit ce qui lui semble être un modèle, ou en tout cas des modèles, plus adaptés au monde actuel. Les recherches qu’elle fait sont dans tous les domaines : en sciences, en histoire, en sociologie, en psychologie… afin d’avoir un regard global, un regard décalé sur l’économie. 

Quand l’homo economicus saute à l’élastique… sans élastique.” sort en 2019 après deux années d’écriture suite à la rencontre avec Emmanuel Roche et sa mise en relation avec les éditions Plon. 

Elle me raconte le parcours de réflexion pour l’écriture de son livre, comment la méditation a pu l’aider (et l’aide encore aujourd’hui !) pour se concentrer sur ses qualités et les éléments qu’elle avait à partager. Elle enseigne alors pour la première fois sur ses recherches, son travail, avec sa vision du monde économique : le bonheur ! 

Le changement va être lent et c’est quelque chose de profond

Ce changement, il est en cours. On parle de plus en plus de sobriété (même le président !), et le covid a permis la prise de conscience de beaucoup de choses. 

Aurélie nous explique ces deux mondes qui “s’affrontent” et pourquoi l’ancien monde (toujours en place) ne veut pas changer. La domination des lobbies est un des facteurs qui bloque cette possibilité de changer, cette nécessité. 

Dans ses explications, Aurélie mentionne celles et ceux qui agissent pour cette nouvelle économie avec notamment Elisabet Sahtouris (biologiste) et Edgar Morin (sociologue et philosophe) et nous apporte une vision globale là encore, de la place de l’économie dans le monde et notre évolution. 

Ce que je défends, ce qui me parait évident, et on y va même si le mot fait peur, c’est la notion de décroissance. Nous devons entrer dans une croissance qualitative, avec un modèle qui s’inspire du vivant.

C’est bien beau de parler de nouveau monde, de nouvelle économie, mais là aussi, de quoi on parle? 

Aurélie nous partage des actions concrètes à mener avec -entre autres- des limites à se fixer, des quotas à mettre en place auprès des entreprises (type émission de CO2, utilisation du bois…) et ce besoin de basculer vers une décroissance. Cette décroissance justement, Aurélie nous explique que non, ce n’est pas revenir à la bougie !

Elle nous partage plutôt cette notion de croissance qualitative, c’est à dire croitre la qualité de vie, de l’air, de l’eau, de la santé… Le tout accompagné de l’économie sociale et solidaire, de l’économie circulaire, l’économie contributive, l’économie régénérative… c’est toutes ces économies qui feront demain. 

Sur le terrain ça bouge déjà, bien sûr !

Le mot sens. On en parle forcément beaucoup dans cet épisode, et on en parle aussi de plus en plus dans nos vies !

On aborde les prises de conscience de plus en plus importantes et la finalité des entreprises qui évolue. Elle tendent à avoir un impact positif sur la société, on parle notamment d’Emery Jacquillat de la Camif !

Au delà d’une initiative particulière à partager, Aurélie nous invite à regarder de plus près les Low Tech, versus la High Tech qui consomme énormément d’énergie. La technologie doit être accessible et utile pour toutes et tous. 

Innover si c’est pour ne pas apporter vraiment quelque chose d’utile, on ne voit pas d’intérêt surtout dans une dynamique de sobriété

Cet échange fait du bien. Il fait du bien car Aurélie m’explique clairement l’état de l’économie actuelle, du monde actuel et les options qui sont là, pour que l’on tende vers un monde meilleur, plus sobre et plus vivable. 

Son partage permet de semer des graines de réflexion vers cette sobriété nécessaire. 

Sortir du cadre, ne pas écouter, ne pas rester collé devant les médias dominants

Car oui pour changer de modèle, il faut avant tout s’informer. L’importance des médias dans ce cheminement a une place cruciale, et forcément, quand des médias sont détenus par des industriels français qui se basent sur un modèle économique destructeur… les médias partagent cette vision de l’économie dominante !

On termine cet échange, comme tous les autres, par ses conseils, ses aspirations. Je retiendrai l’importance de la méditation dans son parcours, la curiosité de tout et l’importance de chaque initiative pour qu’on puisse réenchanter ce monde. 

Je suis ravi que ce 100e épisode aborde tous ces sujets là, et je te souhaite une très belle écoute !

On mentionne aussi beaucoup de belles personnes dans cet épisode ! 😃 Les entrepreneures bienveillantes (coucou Céline Afonso Tirel), Anne-Sophie Vives, Camille Etienne, le Magazine Kaizen, Bon Pote.

À écouter sur

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