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Lundi 29 mai, un mois avant le départ.

Dans un mois, je pars en Suède, à Grebbestad très exactement, pour le mariage d’une amie d’enfance, qui m’a demandé d’être officiant de cérémonie pour mon plus grand bonheur !

Grebbestad est à 2245km de Bordeaux (mon fief). Ça fait une trotte.

Alors je me suis posé la question : comment est-ce que j’y vais ? 

 

 

J’ai légèrement procrastiné la prise de décision : je voulais partir en train, mais je savais que c’était long. Partir en avion serait sûrement moins cher et plus rapide. Ce choix là aurait clairement été à l’encontre de mes convictions.

Alors je me suis posé la question du coût. Enfin, des coûts : financier, écologique, énergétique et mental.

 

  • Financier : oui le train est un peu plus cher que l’avion, mais pour la Suède, c’est loin d’être le double !
  • Écologique : la question elle est vite répondue, le train est 4 fois moins polluant que l’avion. (Merci Greengo voyages pour ce comparatif au top !). 4 fois, ça me semble peu, mais forcément l’électricité allemande est charbonnée… Prendre l’avion pour y aller viendrait amputer mon quota d’émission de CO2 (idéalement à 2 tonnes par tête) de 31,8%. Ça pique.
  • Énergétique : “mon énergie est ce que j’ai de plus précieux”. Cette phrase prononcée par Anaelle Sorignet sur l’épisode 5 du Pompon résonne toujours chez moi. Et vu mes activités, je dois en prendre soin. Forcément, l’avion serait moins fatiguant.
  • Mental : si je prends l’avion, je me sentirai mal. Vraiment mal. Et ça viendrait clairement impacter mon séjour et les jours qui suivent, car ce serait complètement contraire à mes convictions (et à ma responsabilité en tant que citoyen).

Dimanche 4 juin, 23h26, le choix est fait..

Merci l’équipe d’avoir géré les billets !

 

Finalement (spoiler : comme les mariés !) j’ai dit oui.

Tant pis pour le prix, je réduirai d’autres dépenses. Tant pis pour la fatigue, je dormirai plus tard. J’appréhendais, je voyais le voyage comme une montagne et j’ai petit à petit transformé ma pensée en me disant : ce voyage est une expérience à vivre, et elle va bien se passer.

J’entends souvent dire que c’est le voyage qui compte, pas la destination : je n’ai pas été déçu !

 

Mercredi 29 juin, 20h45, premier train pour Paris.

C’est parti. Le voyage commence. Je m’apprête à partir en Suède, rejoindre celles et ceux déjà sur place pour un long voyage.

Adjö Bordeaux. (au revoir Bordeaux)

Ce Ouigo Bordeaux-Paris me dépose à ma première étape, la plus connue : Paris. Je pars la veille du grand voyage pour couper un tout petit peu le trajet et m’assurer de prendre le train du jeudi midi à la Gare de l’Est. Je n’ai pas l’impression que le voyage a vraiment déjà commencé.

Jeudi 30 juin, 12h15, Paris Gare de l’Est.

Le jour J.

Je retrouve l’équipe qui fait le trajet, je connais 2 des 6 joyeux lurons avec qui je vais partager le trajet aller.

Direction Mannheim ! Départ 13h10, arrivée 16h17.

Le premier trajet se passe aisément, à 7 forcément on papote, je bosse un peu, le temps passe vite : trop facile.

 

La team d’acolytes ! 

 

15 minutes de changement pour choper le prochain train en direction d’Hambourg.

Je découvre les retards de trains allemands. A la SNCF à côté, ce sont des petits joueurs. La plupart des trains affichés sont en retard ! Loin d’être une exception, les trains allemands sont apparemment très souvent à la bourre. On pourrait se dire “étonnant pour les allemands qui sont plutôt carrés !” : justement, ils sont trop carrés. Le choix du quai de départ se fait des semaines à l’avance, pas quelques minutes avant l’arrivée du train. Donc zéro flexibilité : si le quai 4 est dispo, mais que ton train est prévu quai 2 alors qu’il y a un problème sur ce quai : dans l’cul lulu.

Première leçon : s’adapter.

 

16h32 : let’s go to Hambourg !

5h07 de train pour arriver à Hambourg, départ de notre train de nuit.

4h30 à papoter avec ma voisine que je ne connaissais pas. On a des connaissances en commun, on a tous les deux fait une école de commerce et aujourd’hui elle bosse pour les Petites Cantines de Lyon. 3 jours plus tôt j’ai remis le Prix du Pompon à l’une des jeunes associations de la Mairie de Bordeaux qui s’appelle… les Petites Cantines de Bordeaux ! Le hasard de la vie…

 

21h39 : Willkommen in Hamburg !

Partis il y a plus de 10 heures, j’ai pourtant l’impression d’avoir mis autant de temps à faire ce trajet que le Bordeaux-Paris la veille au soir solo !

Un arrêt au stand à Hambourg, le temps de manger hyper léger comme les Allemands savent si bien le faire, boire une bière et se préparer à prendre le deuxième train de nuit de ma vie, le premier date d’il y a 10 ans en Inde.

L’équipe a toujours le smile, on sait qu’on est encore peu à prendre ce genre de décision, celle de prendre le temps de voyager par conscience écologique, dès le début forcément ça rapproche.

 

23h55 : découverte de notre cabine !

Nous voici embarqués jusqu’à demain matin 7h35 (arrivée prévue à Malmö en Suède), pour une nuit dans ce train couchette.

L’espace a le mérite d’être optimisé ! Tellement optimisé que la couchette fait 1m80 de long. Je fais 1m88. Autant vous dire de suite que j’ai connu meilleure nuit.

Toute la fine équipe s’installe tranquillement, lavage de dents, on retire les lentilles et c’est parti pour cette nuit qui nous fera traverser le Danemark et le pont reliant Copenhague à Malmö !

 

Une nuit bien pourrie, et c’est clairement dû à ma taille car j’aurais pu -comme d’autres- très bien dormir ! Donc évidemment les trains couchettes sont validés pour tout le monde, même celles et ceux qui font plus d’1m80 !

 

Le train couchette, une régalade

Vendredi 1er juillet, 8h15, un Kannelbullar en main.

Un peu après 8h du matin, nous voilà arrivés en Suède !

“Au final, ça passe vite.” C’est la réflexion que je me fais en arrivant à Malmö.

“C’est good, je suis toujours en vie !” 😂

Je m’étais fait toute une montagne de ce trajet jusqu’en Suède, du moins jusqu’à Malmö qui était l’une des dernières étapes de notre trajet, en me disant que ça allait être hyper long, que j’allais m’ennuyer… et clairement ça va. Plutôt bien même !

Il nous reste une étape, celle du bus pour arriver à 10km de notre ligne d’arrivée !

Pâtisserie à la cannelle, le kiff 

 

8h55, au bout c’est Oslo.

Le bus. Dernière étape de notre trajet, il vient de Stockholm et va jusqu’à Oslo, ça aussi c’est un beau périple !

L’étape la plus belle.

5h15 de bus, et on n’est pas sur du Flixbus et confrères ! Max 3 sièges par rangée (2 + 1), des prises qui fonctionnent, sièges inclinables. Tout ce qu’il faut pour passer un agréable voyage.

Le temps pour moi de bosser, terminer l’épisode 118 du Pompon et surtout lever régulièrement la tête.

Très régulièrement même.

La Suède est un pays magnifique. En longeant cette côte ouest du pays, j’en ai pris plein les mirettes. Des ports sublimes, des îles à ne plus avoir assez de doigts pour les compter, des forets bien garnies (IKEA a du opérer plus loin dans les terres…), et des maisons aux couleurs changeantes.

J’ai le smile.

 

Le grand smile. Celui du gars qui comprend qu’il peut voyager et rester aligné.

Aligné avec des valeurs de préservation de l’environnement qui sont maintenant chevillées au corps.

Rassuré de pouvoir continuer à nourrir ma curiosité, à découvrir de nouveaux horizons si enrichissants.

Je croise parfois des personnes qui voyagent en sachant l’impact qu’ils ont, d’autres qui se font du mal à arrêter. Ce voyage m’a montré qu’il y avait une alternative, une alternative qui respecte le vivant et mes envies d’émerveillement.

Le port de Grebbestad 

15h12, Grebbestad, la récompense.

Un jour plus tard, nous y voilà. Je vais bien, tout le monde va bien.

Grebbestad est un ville un peu touristique avec son port et les 7000 îles qui l’entourent. J’arrive dans un lieu nouveau, dépaysant, j’entends parler suédois et anglais, je découvre quelques nouvelles saveurs. Je suis en vacances.

C’est quoi un jour au final ?

Une montagne ? Pas tant que ça…

Impossible ? La preuve que non.

Fatiguant ? J’arrive avec l’excitation de la découverte et l’adrénaline d’un mariage à venir, d’amis à retrouver.

 

Ce que je retiens de ce voyage.

Ce voyage peut donner l’impression d’être une expédition sans fin.

Bordeaux-Grebbestad : 2245km.

 

Elle était là la fin. Seulement un jour plus tard. C’est faisable, et c’était facile en plus.

Oui cela demande un peu de flexibilité, d’être assez serein sur les escales.

Oui c’est une autre façon de voyager, plus lente, plus longue, plus tranquille.

Oui c’est plaisant ce temps long, ce temps qui semble insurmontable, j’ai fait l’expérience du contraire.

Voyager différemment (j’emploie ce terme mais le train devrait devenir la norme pour voyager en Europe et même au delà, l’avion deviendra une manière différente de voyager j’espère) fait du bien. Il permet de ne pas se confiner dans la facilité, dans le plus court, le plus rapide, le plus consumériste des choix et le plus destructeur.

Cela m’a fait un bien fou, valide mon choix de ne plus prendre l’avion et renforce mes convictions au-delà de ce que je pouvais imaginer.

 

Prendre le train, ça fait du bien.

Et toi ? Il est quand ton prochain voyage ?