Anne-Sophie Vives
Les BURN-ettes
Le Pompon – Épisode 98
Pour ce 98ème épisode j’ai le plaisir de recevoir Anne-Sophie Vives, fondatrice des BURN’ettes !
Cet épisode fait du bien par la sincérité d’Anne-Sophie qui nous explique en toute authenticité son burn-out et comment elle accompagne aujourd’hui, grâce à une communauté et une association, celles qui en font un. On revient sur sa vie d’avant, celle de notaire bourreau de travail, de la pression de la société, de la puissance de son effondrement, du 15 février 2017, de sa reconstruction, de l’association et de l’importance de l’accompagnement.
Ça semblait très soudain et en fait ça faisait des années que j’étais en train de creuser le lit de mon burnout
Anne-Sophie voulait être aventurière, espionne, médecin puis artiste quand elle était petite ! Mais l’influence familiale a eu raison de ses envies artistiques et lui a suggéré deux options : médecine ou droit.
C’est donc vers des études de droit à l’Université Montesqieu de Bordeaux qu’elle se dirige pour devenir notaire. Un métier qui est présent aux moments importants de la vie : l’achat d’une maison, un mariage, un divorce, une succession. Anne-Sophie s’est spécialisée en immobiliser complexe et s’est énormément investie dans son métier de notaire. Un métier prenant, intense, et qui demande beaucoup de concentration.
Le 15 février 2017, c’est le jour de mon effondrement, de mon burn-out, du jour de l’avant et de l’après.
Un métier prenant, une vie à 100 à l’heure dans une étude parfois un peu désorganisée qui l’oblige à la réactivité constante. Sa première grossesse en 2013 vient ajouter une pression supplémentaire dans sa vie. Elle nous partage ces mois dures, compliqués physiquement et mentalement puisque la pression ne redescend pas. On attendait d’elle une même efficacité.
Sa deuxième grossesse est tout aussi fatigante et malgré un passage à 80% la semaine, sa charge de travail reste la même : une situation qui devient de plus en plus lourde et compliquée à tenir.
J’avais plein de signaux qui commençaient à devoir m’alerter mais qui ne m’ont pas du tout alerté
Cette attente de performance perpétuelle, que ce soit dans sa vie de mère, d’employée, de femme, d’amie… se transforme petit à petit en dommages corporels. Car la spirale de la performance est pesante et compliquée à partager.
Anne-Sophie commence alors à perdre ses cheveux, tombe régulièrement malade, fait des erreurs… Elle est d’ailleurs allée travailler peu de temps après sa deuxième grossesse en béquilles car elle souffrait du dos mais “son cerveau fonctionnait toujours” !
Cette fatigue, ces erreurs qui commencent à s’accumuler, impactent forcément son travail, et sa vie en général.
J’avais cette sensation d’être dans un train à 300km/h, les freins ne marchent plus, je vois le mur qui arrive, j’ai tous mes dossiers, mes enfants, mon mari dans les wagons, tout le monde me dit de sauter et je ne peux pas
Les signaux de son corps ont été nombreux. Mais quand on a la tête dans le guidon, l’impression que c’est juste “de la malchance que ça tombe toujours sur moi”, on continue, on se soumet à la pression externe qui met au centre de tout la performance.
Puis c’est un énième signal : celui d’un rythme cardiaque trop élevé, d’un stress qui devient bloquant, d’une envie de dormir qui prend le dessus. Et ce jour, le 15 février 2017 où elle se douche sans s’en rendre compte pour la 3ème fois le matin. Une perte de mémoire immédiate, une irréalité complète.
Le partage d’Anne-Sophie est glaçant, beau, fou et si puissant.
J’avais honte de parler de santé mentale, j’avais honte de montrer mes faiblesses
Elle nous raconte alors toute cette période : la honte de sa faiblesse, dans un milieu où le travail et la performance prônent. Et l’étude dans laquelle elle est, n’a que faire de ses problèmes. Si elle veut partir : elle démissionne. Aucun accompagnement, aucune empathie. La dureté de ses propos reflète son vécu.
C’est la remplaçante de son médecin qui utilise pour la première fois le mot “burn-out”. Une délivrance pour Anne-Sophie et le début de la reconstruction.
J’avais une sorte de rage, on parle de burnout, mais pourquoi il y a si peu de prise en charge !
Une reconstruction qui a été compliquée : peu de médecins connaissent vraiment le burn-out, savent comment le prendre en charge, peu de structures d’accompagnement…
Alors Anne-Sophie reprend ses envies de petite fille : le dessin. Et elle dessine une petite “burn-ette” pour raconter sa vie. Des dessins qu’elle partage sur les réseaux et qui font échos chez d’autres femmes. C’est le début de la création d’une communauté qui mènera à la création de l’association pour accompagner et sensibiliser au sujet du burn-out.
Paradoxalement on en parle de plus en plus et pourtant c’est toujours aussi mal vécu par les personnes
Le burn-out justement, on en parle plus largement. Car au delà de son puissant partage, j’ai voulu mieux comprendre le sujet.
Entre 2 et 2,5 million de personnes ont fait un burn-out en 2021.
C’est un drame humain qui sera d’ici peu un drame économique. Alors comment on évite ? Comment on passe de la performance à la sobriété ? Même au travail. Et pas qu’au travail d’ailleurs ! Car le sujet est là aussi : un burn-out c’est un tout. Une vie pro et perso qui va trop vite, qui est trop intense.
Je suis fière de la bataille collective qu’on a mené
C’est tout l’enjeu de l’association les Burn-Ettes : sensibiliser et accompagner dans leur reconstruction les femmes qui traversent ce dur moment. Sensibiliser en entreprise, mettre des mots dessus, comprendre et aider les personnes qui vivent ces moments grâce à des professionnels dans plusieurs secteurs.
Anne-Sophie a traversé des moments violents, a reçu une multitude de remarques comme des coups de couteaux, et elle s’est relevée. Elle s’est relevée de son burn-out pour vivre pleinement sa vie et trouver l’équilibre qui lui convient aujourd’hui.
C’est un épisode puissant, inspirant et qui invite à la bienveillance, à l’empathie et à profiter de la vie !
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